Monologue de la page blanche
Je veux
Me déchirer
Déchirer
Froisser
Me froisser
Frotter mille sols
Et les plus sordides
Et sous la pluie
polluée
Me faire piétiner
En boîte de nuit
Et ne pas me reposer
dans la réserve d’une entreprise merdique
Sur l’étagère à côté
des trombones
Mais je veux bien
Faire un trip BDSM
avec ces mêmes trombones
Que l’on soit
attachées avec d’autres copines-pages
Par ces cousins de
fer fin
Ou bien encore
Me faire martyriser
par une pote agrafeuse
Qui me mord et me
larde
De mille agrafes
brillantes
Je veux bien
Me faire lécher
Comme mes copines
enveloppes
Prêtes à aller
pénétrer des boîtes aux lettres
Me faire caresser
Comme ces beaux
agendas de directeurs d’entreprises merdiques
Qui se la pètent
Les agendas aussi
hein
Alors qu’ils ne se
font pas remplir
Ni les têtes des
directeurs hein
Parce qu’une
secrétaire (ou un secrétaire, j'aime tous les corps et toutes les surfaces) s’en charge
Qui d’ailleurs
Caresse un pote
stylo Bic
Et le glisse dans sa
bouche pulpeuse
Je veux me glisser
lentement dans la bouche d’un(e) secrétaire
Et
Sans prévenir, bien
sûr
Lui couper les
lèvres d’un coup sec
En rire avec des
copains crayons de papier
Qui feront exprès de
se casser contre ma surface
Pour emmerder les
employés de l’entreprise merdique
Qui caressent et
tapent des claviers
Et sur l’ordinateur
je vois
Des pages blanches
virtuelles
Qui attendent
De sortir
D’être imprimées
Comme on dit
Et moi j’attends
De devenir mille
C’est-à-dire
D’être déchirée
jusqu’à la mort
Mais prête à remplir
une joyeuse poubelle
De mille morceaux de
moi-même accouchés
Pour continuer
d’exister sur tous les sols
Avec du jus de
poulet
De la salive
d’enfant peut-être
Des morceaux
d’humains répugnants
Mais touchant alors
au sublime
En attendant
Un recyclage qui
n’arrivera jamais
Et
Comme vous
Je ne sais pas où
j’irai après l’ultime déchirement
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