dimanche 13 décembre 2020

Remugle # 1 - La Peau - Revue disponible en ligne

 Remugle # 1 - La Peau

Revue dirigée par Caroline Crépiat et Yoann Sarrat

parue en août 2017

120 pages 

Articles, poèmes, nouvelles, entretiens, dessins, photographies

Avec :

Thelma Van Rensburg, Jean-Pierre Verheggen, Luizo Vega, Claire Sinturel, Christophe Siébert, Yoann Sarrat, Olivier Poinsignon, Charles Pennequin, Thierry Olliver, Gyula Noesis, Marc Molk, Kamil Guenatri, Johan Grzelczyk, Flesh, Maria Faustino, Laurent Demoulin, Caroline Crépiat, Matthieu Courtoy, Laurent Clément, David Cata, Luna Beretta, Eliza Bennett, Daniel Aranjo, Alphonse Allais, Frédéric Acquaviva

Désormais disponible en ligne et en téléchargement gratuit :

DOWNLOAD ICI


jeudi 19 novembre 2020

Notes boursouflées 29/10/2020

Un os c'est une pièce confinée dans un corps

Un corps c'est une pièce confinée dans un corps

et il se brise et il se brise et il se brise maladroitement

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je veux shazamer mon corps et me voir répondre

aucun résultat/ Désolé, l'identification n'a pas abouti 


et dans un corps tout tombe encore et les os s'y brisent encore 


J’ai perdu quelque chose ici
Dans mon écriture
Et sur ma page
Toi peut-être

Finalement, je crois que ça va, mais quelque chose, un truc lourd, est tombé à l’intérieur de mon corps


Et des milliards de morceaux d’autres choses se sont dispersés, alors, enfin

le corps est une compilation compliquée de morceaux choisis 

des mots sous des tissus, des muqueuses, dans les méandres de la chair

lundi 9 novembre 2020

Histoire(s) du corps [et de la page blanche] - Performance sur papier in 591 # 8

REVUE 591 N°8


Yoann Sarrat "Histoire(s) du corps [et de la page blanche]"
Octobre 2020

- - - - - - - 

Directeur de la revue : Jean-François Bory

Rédacteur en chef : Christian Désagulier

Au sommaire de ce numéro L'ENQUÊTE DE CINÉMA : 37 auteur-e-s ont accepté de nous confier, s'ils ou elles ne pouvaient en revoir que 3, les titres des films qu'ils ou elles choisiraient en période de confinement antiviral..

Et puis des contributions venues de tous horizons et azimuts poégraphiques ainsi qu'il sied à une revue planétaire, de Russie et des U.S.A, d’Éthiopie et de Québec, d'Allemagne des livres de colportages  et du Brésil, de France et bien sûr de Navarre, avec :

Libido videndi, Yves Boudier ; Factoriel 111 !, Christian Désagulier ; Sans issue, André Chabot ; Catherine Varlin, Kiki,  Natacha Michel ; Aragon égaré, Marc Delouze  SOKOL (suite et fin), Sarah Carton de Grammont ; Galloping ahead in Ethiopia, Zera Yacob, Yves-Marie Stranger ; Mark Twain, un vagabond à l'étranger sur terre, Christian Désagulier ; BORN IN SLAVERY: slave narratives from the Federal Writer's project, 1936 to 1938  ;  Ounouogha, Chant d'Utopie, XXX, Brice Bonfanti ; tout très sage, Pascale Petit ; Regards camés, Géraldine Geay ; jaune Cy, Chantal Neveu ; Histoire(s) du corps [et de la page blanche] - Performance sur papier, Yoann Sarrat ; Variations autour de Monsieur M, Carole Darricarrère ; Hebel-Kolportage [suite], Frédéric Metz ; AUBE, Alexandre Blok  ; GALAXIES, Haroldo de Campos ; d'antisèches, "poèmes attrape-tout" (in pRogRess) : (&) autRes PHraguement, Jean-Pierre Bobillot ; ABOLI, Jean-François Bory

à commander ici :

https://www.editions-terracol.com/fr/accueil/41-revue-591-n8.html




mardi 25 août 2020

Monologue de la page blanche

Monologue de la page blanche

Je veux
Me déchirer
Déchirer
Froisser
Me froisser
Frotter mille sols
Et les plus sordides
Et sous la pluie polluée
Me faire piétiner
En boîte de nuit
Et ne pas me reposer dans la réserve d’une entreprise merdique
Sur l’étagère à côté des trombones
Mais je veux bien
Faire un trip BDSM avec ces mêmes trombones
Que l’on soit attachées avec d’autres copines-pages
Par ces cousins de fer fin
Ou bien encore
Me faire martyriser par une pote agrafeuse
Qui me mord et me larde
De mille agrafes brillantes
Je veux bien
Me faire lécher
Comme mes copines enveloppes
Prêtes à aller pénétrer des boîtes aux lettres
Me faire caresser
Comme ces beaux agendas de directeurs d’entreprises merdiques
Qui se la pètent
Les agendas aussi hein
Alors qu’ils ne se font pas remplir
Ni les têtes des directeurs hein
Parce qu’une secrétaire (ou un secrétaire, j'aime tous les corps et toutes les surfaces) s’en charge
Qui d’ailleurs
Caresse un pote stylo Bic
Et le glisse dans sa bouche pulpeuse
Je veux me glisser lentement dans la bouche d’un(e) secrétaire
Et
Sans prévenir, bien sûr
Lui couper les lèvres d’un coup sec
En rire avec des copains crayons de papier
Qui feront exprès de se casser contre ma surface
Pour emmerder les employés de l’entreprise merdique
Qui caressent et tapent des claviers
Et sur l’ordinateur je vois
Des pages blanches virtuelles
Qui attendent
De sortir
D’être imprimées
Comme on dit
Et moi j’attends
De devenir mille
C’est-à-dire
D’être déchirée jusqu’à la mort
Mais prête à remplir une joyeuse poubelle
De mille morceaux de moi-même accouchés
Pour continuer d’exister sur tous les sols
Avec du jus de poulet
De la salive d’enfant peut-être
Des morceaux d’humains répugnants
Mais touchant alors au sublime
En attendant
Un recyclage qui n’arrivera jamais
Et
Comme vous
Je ne sais pas où j’irai après l’ultime déchirement



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vendredi 14 août 2020

Métaphysique du genou entorsé

Métaphysique du genou entorsé

Pour Thieng Nguyen

Prologue

L’eau polluée de mille poussières d’humanité lardée coule lentement sur la patella qui se réveille alors
Et ses mille douleurs avec
-       Et son instabilité s’installera dans le quotidien animé du corps

Chaque jour existe grâce à un grand sac d’incompréhensions qui se transformeront en mystères pour peu que la carcasse et l’esprit qui la traverse soient créatifs.

Il n’y a pas à la blessure d’origine plus incertaine que la grande création dans laquelle chaque corps aimerait se noyer
La création est cet état de confiance de l’esprit envers le corps même tracassé, boursouflé, entorsé, agité de secousses qui rappellent les prémisses de toute existence

Il n’y a pas au corps d’origine plus splendide que la blessure créatrice
Parce que d’une blessure jaillissent mille possibilités, fragments de nous-mêmes conscientisés enfin

ET

sur la scène déjà épuisée de mille corps

tout s’écrase et tout se jette et tout tombe et tout jaillit et tout se relève et tout progresse et tout se frotte et tout se brûle et tout se crée maladroitement


--------------------------alors

Il faut que,

S’écrase encore -----
La peur sous le poids de nos pieds nus
    Sous le poids de nos genoux créatifs


Sur la scène instable et sous le toisage des regards enfin silencieux
La scène définitivement imparfaite et perfectible

Le corps est à porter avec ses mille douleurs

c’est ce qui rend la vie créative

Les os craquent sous le poids de la scène
Retournée prête à s’effondrer sur le corps et ses 1000douleurs
Le genou crie, lance son appel à l’aide – dans un dernier mouvement il retient /

    /son souffle ou ce qu’il en reste,
avec sa spiritualité recharnée, son mouvement ontologique blessé

Il mesure avec sa surface osseuse circulaire
    La taille de la Terre
Qui craque elle aussi sous le poids d’une scène cosmique redoutable immense irrépressible


Le genou dans sa solitude
    Qu’il partageait avant avec son amie la scène

S’écrase encore contre le tapis de danse autrefois si lisse.
Il se souvient encore de leur rencontre, si stressée et perturbée, mais magnifique à force de chutes et de morceaux dispersés d’existence
La scène prête à accueillir la blessure et sa sensibilité
Elle qui se souvient de l’enfance du genou, si pur, si imparfait déjà


Le genou et sa musique corporelle libérée
Le genou marqué par la scène-vie

La membrane du genou
    Se désagrège
             Sous le poids de
L’indicible

- - -


Maintenant le genou émotionnel a pris son indépendance et se personnifie, il entame un monologue dansé sur scène, chancelle et vibre de mille tourments splendides, critique vertement la décadence du public impassible, qui a trop fait saigner ses yeux sur quelques réseaux et leur insociabilité prononcée, ce public qui ne touche plus à ses os, pourtant révélateurs de leurs êtres et, par là, de leurs vies abîmées parfois foutues, ou qui ne touche plus les os qu’avec des gants de soie, et non plus avec le sang mêlé à la sueur, la seule qui a réussi à personnifier l’abstraction de nos corps, le public qui oublie le corps chargé de ses 1000blessures, et ses ressentis, ses spontanéités

Le corps et ses craquements       le son de la circulation de son sang


Le genou décharné et famélique s’enferme alors dans une chambre anéchoïde
Et s’écoute de longues heures



Puis
Intervient un hyper-pansement
Le danseur écrit, au stylo, sur le genou :
« que le corps se jette encore dans sa guérison »

et l’hyper-pansement veut bien le couvrir, lui qui est si solennel d’habitude
se répand ici avec humilité




 



















IL DEVIENT ALORS LE



GENOU EXPÉRIMENTAL

ici

ABSTRACT KNEE

maintenant